lundi 1 mars 2021

UN GAY AU KENYA

Voici mon histoire, celle que j'ai vécu ce mois de janvier et février 2021, riche en émotions, montons ensembles dans l'avion qui nous emmène à Nairobi, au Kenya.







                    Dans l’avion qui m’emmène à Nairobi je me sent léger, un peu comme une page blanche qui s’ouvre, le début d’une aventure que je vais écrire. J’arrive à l’aéroport vers 23h30, la nuit est tombée depuis des heures je décide donc de prendre un taxi pour m’amener à mon hôtel. Je demande le prix, le chauffeur m'annonce 20$, c’est très cher mais vu l’heure je me voit mal me retrouver à chercher mon hôtel dans les rues de la ville à 1h00 du matin. Le taxi me dépose à la porte de mon hôtel, il est assez cher, 1500shl (13€) la nuit, c’est un lit dans une grande chambre de 8 lits. Mais la surprise c’est que je suis le seul dans la chambre, j’ai donc le plaisir en l’absence de filet de pouvoir profiter de tous les moustiques du quartier ! Arriver de nuit dans un lieu que l’on ne connait pas est toujours quelque chose de magique, au réveil je sais que je vais avoir des surprises. Après des heures d’avion ma nuit est longue, j’en profite pour faire la grasse matinée. Mais j’ai tellement hâte de découvrir Nairobi (j’ai aussi une grosse dale :-) que je décide de descendre dans la rue. Je me rends compte au bout de quelques heures qu’il n’y a pas de blanc, que je croise des milliers de personnes qui me regardent un peu comme un extra-terrestre. J’arrive de France où la vie s’est arrêtée où les quelques sourires qui persistaient sont dorénavant cachés par des masques. Oui ici il y a beaucoup de pollution, sort de nombreux véhicules de la fumée noire comme du charbon, il y a du bruit, mais il y a de la vie. Beaucoup de sourires, de débats animés, dans ces rues parfois bordées de détritus la vie est grouillante, débordante. Le lendemain je dois partir pour Mfangano Islande, une ile du lac Victoria à environ 500km de Nairobi. Je me lève donc à l’aube, et prend un matatu (bus local) pour Homabay, qui se situe environ à 50km de Mbita, le port le plus proche de l’ile. Le trajet est long, l’air conditionné n’existe pas dans ce genre de véhicule, arrivé à Homabay ou bout de 9h00 de route je me retrouve dans une gare routière. Il ne faut pas entendre par “gare routière” un lieu ordonné où l’on trouve des quais et numéros de bus, ici c’est juste un grand parking ou s’amoncellent une multitude de véhicules, où les rabatteurs crient aux passants perdus d’aller dans leur voiture ou matatu. Je fais savoir à quelqu’un que je souhaite aller à Mbita, un jeune homme aux yeux rouges, mâchant du khat (feuilles) m’indique une voiture. Je monte à l’intérieur, il y a déjà 2 personnes devant et 3 sur la banquette arrière, pourtant on attend encore avant de prendre la route. Là le jeune homme sa bouche gonflée par les feuilles qu'il mâche essaie encore de rabattre des clients, il en met encore 2 dans le coffre 2 femmes et 2 enfants en plus au milieu...et un autre assis à la place du chauffeur ! En fait après avoir compté je me rends compte que nous sommes 12 dans une voiture 5 places, le chauffeur se rentre difficilement entre la personne assise sur son siège et la portière. Nous partons enfin, je ne comprend pas comment le chauffeur fait pour atteindre les pédales ou passer les vitesse, ça reste un mystère vu que je suis totalement coincé entre la portière et de nombreux passagers. La route est plutôt en bon état, elle est goudronnée, malgré quelques passages devant des contrôles de police ils ne nous arrêtent pas, je pense qu’ici les règles si il y en a sont différentes des règles en France; je fais l’expérience de mon premier taxi brousse.

Nairobi

            Nous arrivons à Mbita, une petite ville côtière ou quelques bateaux partent pour les différentes iles, il y a le bateau bus qui ralie Mfangano à Mbita et quelques pirogues à moteur. Je me renseigne et à priori le bateau bus n’est pas près d’arriver, là quelqu’un me dit que c’est 150shl pour sa pirogue, donc pas très cher, j’enlève donc mes chaussures pour passer dans l’eau et décide d’y monter avec une vingtaine de personnes. Le puissant moteur se met en route, nous sommes un peu serrés, assis sur une planche de bois le confort est assez sommaire mais je sais que la traversée dure moins d’une heure trente. Ayant enlevé mes chaussures, je suis pieds nus, mon voisin aussi, et là je sens son pied se poser sur mon pied, pas seulement toucher mon pied mais se poser sur mon pied. Dans le même temps il continue de parler à son ami à sa droite, je ne voit donc même pas son visage, comme on est un peu à l’étroit je regarde si vraiment il n’a pas le choix de mettre son pied ici, mais en fait si, il pourrait le poser à côté. La sensation d’avoir son pied humide humide et ses orteils qui caressent mes orteils est plutôt très agréable, même si j’ai le sentiment de subir la situation je ne fait rien pour l’arrêter. C’est assez étrange en fait, il y a beaucoup de monde dans cette pirogue, avoir ce contact charnel devant tant de personnes qui ne peuvent voir ce qui se passe sous ces planches, sans vraiment le vouloir est plutôt excitant, même si l’homosexualité est interdite juste arrivé au Kenya je me rends compte qu’elle est existante. Cette situation dure une bonne trentaine de minutes, sans aucun regard, juste ce contact peau contre peau, cette caresse interdite que tout le monde ignore, ou fait semblant d’ignorer. Après avoir lutté une bonne trentaines de minutes contre les vagues la pirogue arrive enfin, là des motos sont déjà à l’affut, je monte sur l’une d’entre elle pour atteindre la maison de Samuel, mon hôte.




            Samuel m’accueille avec toute sa famille, 11 enfants qui ne sont pas tous présents et ses 2 femmes qui vivent dans 2 maisons différentes. A côté de ma chambre, en fait un matelas posé sur le sol sans table ni chaise dans un local couvert de tôles ondulées, j'ai 3 ou 4 gamins de 8 à 15 ans qui dorment sur 2 matelas tout sales nos chambres sont séparées par une fine cloison. La famille est super sympa, le premier matin j'ai bossé sur le chantier de clinique que l'association est en train de construire. Car en fait, l’objectif du voyage est aussi d’aider les différentes communautés, là je compte rester 3 semaines aider à la construction d’un centre médical. En effet, sur cette ile pas d’hôpital, mais le premier fléau est le cas de nombre de séropositif, ici dans toute la population (donc hommes femmes et enfants) 30 à 40% sont séropositifs, un des plus fort taux au monde. Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer, ici l’ile est isolée de tout, il n’y a pas de préservatifs mais aussi beaucoup de femmes ont des rapports sexuels avec les pêcheurs contre du poisson pour ce nourrir.


            Cet aprem avec un des jeunes de la famille nous sommes partis à la chasse aux singes dans la forêt mais on pas trouvé les singes. L’après-midi on va profiter de notre salle de bain et c'est le lac Vicoria qui est aussi lave-linge, lave vaisselle l’eau pour le thé et parfois toilettes, l'eau est très bonne (enfin je parle température nous on a la chance de boire de l'eau de pluie 😉). Tout à l'heure je rigolais car "Boys" c'est le surnom d'un des gamins qui doit avoir environ 14 ans, il est super gentil on a noué une bonne relation au bout de quelques jours, et en fait on parlait ensemble et il ne veut plus aller nager dans le lac car il y a eut un gamin de tué par un hippopotame. En fait régulièrement les hippos viennent à 150m de la maison dans notre salle de bain, maintenant la population en a peur, moi je trouve ça super mimi, je suis impatient de nager avec 😊 Et dans la forêt juste au dessus la maison il y a des singes et des pythons, et comme je dors sur un matelas à même le sol hier avant de dormir je me demandais juste si un python pouvait monter les 2 marches de la porte d'entrée et me manger pendant la nuit...😕. Bon ici il faut aimer les scorpions, serpents mouches de 5cm qui font le bruit d'un hélicoptère mais juste au dessus du lit, ou araignées qui font la taille d'une main :-) Dans la maison nous n'avons pas l'eau courante, ici pour le réveil c’est grâce aux cris de tous les animaux, selon l'heure ils sont différents, le soir on mange le poisson pêché dans le lac la nuit d'avant.


salle de bain

Mouches










                Sur cette ile du lac Victoria, il ne fait pas forcément très chaud (26 degrés la journée) mais le soleil est puissant, au bout d’une semaine apparaissent des cloques sur ma peau, j’ai pourtant une peau mate et habituellement ne suis pas vraiment sensible aux coups de soleil. Par contre les 3 derniers jours nous n'avons eut que quelques heures d'électricité, parfois pendant plusieurs jours pas de courant, nous avons des batteries et des ampoules avec chargeurs solaires. Hier lorsque je nageais dans le lac, j'ai apri à nager très vite lorsque j'ai aperçu un lézard (ici ils font 80cm) dans un arbre immergé, il m'a regardé avec ses gros yeux, a tiré sa grande langue et est rentré dans l'eau. Là je me suis dit, si il veut me faire des chatouilles ou manger mes orteils, mes doigts ou autre chose (oui je suis tout nu) son repas est servi, je me suis mis à nager vite (bien que dans ma tête je savais qu'un croco ou un lézard nage 40 fois plus vite que moi). Mais bon en fait, je me suis vite aperçu qu'il devait juste avoir eut peur, sinon j'aurai pas pu écrire ce texte sans doigts 😁. Habituellement le matin nous travaillons sur le chantier de la clinique, mais ce matin, personne sur le chantier, je pensais d'un côté; entre porter les sacs de ciment, casser les rochers, transporter des pierres tous les matins, le travail est dur, nous faisont tout à la main donc je suis pas mécontant qu'il n'y ai personne. On a donc pris un petit déjeuner avec du thé et des beignets de maïs, avec Enrique, un violoncelliste allemand qui prend une année sabatique loin du covid avec sa femme et ses 2 enfants. Enrique a demandé a Samuel pourquoi les professeurs battaient les élèves, car Ida, sa jeune fille de 11 ans ne veut plus aller à l'école, choquée des agissements des professeurs. Ici c'est quelque chose de normal, j'en ai discuté avec les plus grands qui sont partis au lycée la semaine dernière, ils partent de la maison pour des mois. Pendant 4 à 8 mois ils se lèvent entre 4h30 et 5h00 du matin, les cours commencent à 6h00 pour finir à 22h30. Si ils loupent le réveil ils se font frapper, parfois le soir, si ils sont en retard pour le diner à 19h00 et on leur dit que c'est trop tard, ils n'ont pas de repas, ne mangent rien. A 17 ou 18 ans ils n'ont pas le droit au téléphone, donc pas d'internet pendant des mois, ils sont 2 par...chambre ? 2 lits superposés sans table ni chaise, donc plutôt un box de stockage, j'ai demandé à Charles un des enfants de 20 ans; "mais vous avez des douches ? Il a souri et m'a répondu non juste une bassine...Ici l'école ils l'appellent la prison, je leur ai dit qu'en France en prison ils ont au moins internet et même des douches 😊. Donc Enrique semblait très "choqué" de cette situation de frapper les enfants et les jeunes, plus habitué à des voyages en Europe il essayait de dire à Samuel que c'était pas bien etc...Personnellement en voyage j'évite de dire aux gens que ce qu'ils font n'est pas bien, car je doute que dans nos sociétés modernes tout est parfait, même si je suis loin d'approuver beaucoup de choses, encore plus la violence ordinaire. Mais je ne trouverai pas forcément enrichissant si un étranger vient me voir, me juge et juge mes agissements en me disant qu'elle est la "bonne" façon de faire…



            Je suis donc parti au lac vers 10h00, pour me laver et essayer d'améliorer notre salle bain sous un mangotree, car je ne trouve pas ça très agréable de me laver parmi des déchets plastiques et bouses de vaches. J'ai donc construit une table avec du sable, bois et autres pierres retrouvées sur la plage. A un moment, un jeune homme est arrivé, au départ il m'a un peu regardé comme si j'étais un animal étrange, il s'est déshabillé, a commencé à se laver et s'est mis à l'eau. Ici la pudeur n'existe pas vraiment, il faut juste respecter les lieux réservés aux femmes ou aux hommes le long du lac. Il a commencé à m'aider (je cherchais les grande pierres plates pour finir ma table), c'était assez particulier que moi et ce jeune homme entièrement nu étions en train de construire une table de pierres et de bois sous le mangotree, mais ici c'est comme ça. Une fois qu'il fût parti, j'ai eu une très grosse envie de mangues, j'ai donc grimpé dans le mangotree, je l'ai secoué et ai collecté 3 ou 4kg de mangues. Ici elles sont partout, poussent naturellement, elles sont tellement bonnes que je les mange avec la peau qui est peu épaisse.



            De retour à la maison, Brandon un des garçon était en train de préparer le repas, dans un récipient il y avait quelque chose que je ne connaissais pas encore. C'était des masses noires séchées, assez légères, on aurait dit de la bouse de vache restée au soleil mais même bien cuisinée je ne pense pas que j'aurai été un grand fan. Là je demande à Brandon et Samuel "what is it ?"" la réponse fut aussi surprenante que si ça avait été des bouses; "that's flies!", j'en ai mangé des choses étranges dans mes voyages, mais les mouches j'ai jamais essayé, même Dan un jeune américain volontaire comme moi qui est allé dans plus de 100 pays n'a jamais essayé. En fait parfois les moucherons arrivent par millions autour du lac, ils les récoltent, les font bouillir et ensuite sécher pendant 3 ou 4 jours au soleil, ce qui permet d'avoir un stock de protéines que l'on peut garder des mois. Brandon les a donc réhydratées, ensuite les a fait revenir dans de l'huile avec de l'ail et 3 tomates. Cela donne une masse noire assez compacte de la couleur du boudin noir, Samuel le père n'aime pas trop car il y a du sable dans le mélange de mouches, Dan voulait pas trop essayer alors que moi je mangeais ça normalement, là Dan me demande "how it taste ?", ma réponse fût simple "it taste like flies" 😂


                Quelques jours plus tard je décide de prendre une moto taxi pour aller du côté opposé de l'ile, ici il suffit d’aller le long de la route (un grand chemin en terre qui fait le tour de l’ile (au centre de l’ile il y a une sorte de plateau d’environ 500m d’altitude). Et là j’ai de la chance, un beau jeune homme sur sa moto, avec un immense sourire, s’arrête à côté de moi, je lui explique que je veux aller de l’autre côté de l’ile (c’est à environ 15km) et rentrer à pied, Il me dit pas de problème. Il s’appelle Steve, le long de la route il me montre son ancienne école, son village, m’explique plein de choses, on s’arrête parfois sur des hauteurs pour admirer la vue sur le lac. C’est étrange, parfois en quelques minutes, heures, on se sent bien avec quelqu’un, comme si on se connaissait depuis des années, comme quelque chose de chimique. De l’autre côté de l’ile le chemin n’est pas vraiment plat, il y a de grandes montées sur cette route de moins en moins large faite de poussière et de cailloux, Steve mon pilote me dit de me rapprocher de lui sur la moto pour la montée. Je n’en demandais pas tant, mais à sa demande, je me colle contre lui, mes bras l’enlacent comme si ma vie dépendait de lui maintenant. Avec les vibrations de la moto, mon torse collé contre son dos, mes bras entourant son corps, mes jambes écartées le long de ses jambes, mon sexe frottant contre ses fesses à chaque bosse je ne peux contrôler cette énorme érection à l’intérieur de mon short . Sous ce soleil cet après midi j’aurai aimé que cette montée n’en finisse pas, bien que gèné par la situation car après quelques minutes il me propose de nous arrêter pour admirer le lac. Nous descendons donc de la moto mais en short j’ai énormément de mal à cacher cette réaction naturelle, le paysage est beau certes mais pas seulement. Je ne sais pas trop si il a vu, si il a ressenti, pourtant j’en suis persuadé mais il faut faire comme si rien ne s’était passé, donc nous continuons de rigoler et discuter et reprenons la route vers ma destination finale. J’arrive enfin de l’autre côté de l’ile, là on s’échange nos numéros de tel car que ce soit lui ou moi nous avons tous les deux envie de nous revoir.











            Ensuite je suis rentré à pied, 3h00 de marche, j'ai croisé quelques singes mais j'aimerai bien voir ces fameux pythons dont tout le monde parle, mais ça sera pour une autre fois ! Le lendemain me baladant sur l’ile sur le bord du chemin, j’ai vu du poisson frais en vente, il avait l’air trop appétissant j’en ai donc achetés quelques uns. Malheureusement je n’avais que mon sac à dos, je les mets donc dans mon sac mais le lendemain, je me rends compte que ça n’est pas la meilleur idée que j’ai eu de mettre du poisson frais dans mon sac à dos...

            Le lendemain, je décide d'aller à l'école avec Dan l'américain, ici l'école primaire c'est de 6 ans à 14 ans, donc un mélange entre nos écoles primaires et collèges en France. Entre le chemin et l'école nous devons longer le terrain de foot et déjà nous entendons les cris de curiosité des gamins voyant ces 2 Musungos (blancs) arriver. Sur l'ile, l'école publique est très particulière, les gamins restent dans les classes et les professeurs passent la grande majorité du temps assis autour d'une table. C'est à dire que la majorité des élèves restent seuls dans la classe, ont un cours de temps à autre. Avec Dan nous prenons les grades 4 (équivalent 6 ème je pense), ils ne sont pas très nombreux dans la classe, une quinzaine. Les gamins sont vraiment heureux que nous leur faisons la classe, ils sont très attentifs à chacun de nos mots c’est surprenant. Les grosses mouches noires, agressives parfois, volent indifférentes au dessus de nos têtes, elles vivent dans les poutres en bois de la classe en creusant d'énormes trous . Quelques gamins des autres classes passent parfois leur tête par les fenêtres (qui sont un trou dans le mur en fait), ils sont curieux de nous voir faire la classe mais aussi jaloux. Dan commence le cours par des maths avec les divisions (j'ai du mal à suivre, c'est pas mon truc de poser des divisions, je suis contre les divisions 😂), j'enchaine le cours avec la science sur les matériaux conducteurs de chaleur. Ici les sujets dans les livres sont tous très concrets, ils parlent de poissons, filets, cuisine, plantes, comment réparer les chaussures, j'ai été étonné que Jay, le gamin de 4 ans à la maison connaisse déjà certaines plantes dans le jardin. Les livres sont aussi très sexistes, ici les femmes s'occupent d'entretenir la famille, vont chercher l'eau au lac, cuisinent du matin au soir (le poulet ou poisson frais c'est bon mais il faut les cuisiner tous les jours, pour le thé il faut faire le feu tous les matins vers 7h30, ici pas de frigo ou congel). Donc dans les livres d'école tout cela est expliqué, un peu comme en France il y a 60 ans avec "l'école ménagère" où été ma maman quand elle était adolescente.

            Donc ici à l'école il y a une récré entre chaque cours, à la première récré des gamins ont démêlé un filet de pêche, à la deuxième ils ont apportés des sacs avec différents déchets métalliques récoltés sur l'ile, les ont entassé et chaque gamin avait en échange un cadeau (bien souvent un stylo).

              En fin de matiné les élèves de la classe ont voulu apprendre le français, c'était marrant car j'avais à peine commencé par leur apprendre "bonjour", que sans rien leur demander, sagement ils avaient tous déjà pris leur stylo et commencé à tout noter sur leur cahier. Quand Dan et moi partons de l'école, les gamins une fois dehors en récré répétaient et criaient les mots français apris, et de nombreux autres élèves d'autres niveaux nous entouraient en nous suppliant de leur donner des cours…


            En ce moment on a l'électricité...ou pas... en moyenne 2 à 3h00 par jour, parfois 2 jours sans, les 2 générateurs sur l'ile ne sont pas assez puissants. J'aurai jamais imaginé une vie si paisible sans électricité, sans internet, juste ce qu'il faut pour échanger le positif. Là j’envoie un message à Steve, j’aimerai aller dans le centre de l’ile, monter sur la plateau qui forme l’ile, il me répond que le lendemain il est disponible. Donc après cette belle journée ensoleillée je vais aller me laver nu dans le lac en sachant que demain sera encore une journée faite de bonheur.


            Je donne donc rdv à Steve vers 15h00 le lendemain, il arrive avec sa moto, son large sourire, nous sommes heureux de nous revoir. Il me dit que pour commencer la montée à pied il doit m’amener à quelques kilomètres d’ici, de toute façon je lui dit qu’il est mon guide et que je le suivrai, de toute façon je suis son passager. Nous arrivons au bout d’une dizaine de minutes, descendons de la moto, et commençons à marcher, avec le recul je trouve juste cela extraordinaire, nous avons passé peut-être une heure ensemble l’autre jour et là il m’accorde son temps, sa confiance pour partir en randonnée avec moi et me faire découvrir son ile. Accorder du temps, donner de sa personne à quelqu’un est quelque chose de fort, c’est aussi rare, je ressens vraiment beaucoup de plaisir et de bonheur pour ce qu’il m’offre là. Nous partons donc dans la montée, parfois un large sentier de 2 mètres nous passons par des sentiers fait de rochers bordés d’arbustes. Nous marchons tranquillement, au fur et à mesure que nous montons je lui pose des questions, sur les plantes, les bâtiments que l’on voit en contrebas, à un moment il me montre une pierre de forme assez particulière et il me dit qu’il ne faut pas s’assoir dessus, que c’est interdit ça porterai malheur. Je lui demande si des personnes vivent dans la montagne, il rigole et me répond que oui, mais je lui demande et pour l’eau ils font comment ? Là il me dit qu’il y a une rivière, donc les gens n’ont pas besoin de descendre au lac, c’est assez surprenant pour moi car j’ai commencé à vivre avec le lac, je me lave et y lave mes vêtements, pour le chantier de la clinique pour le ciment on va chercher l’eau au lac etc...Le lac est devenue quelque chose d’important dans ma vie ici, et je suis en train de me rendre compte qu’à quelques km, mais en altitude d’autres gens vivent différemment, pour eux le lac est moins important mais la rivière est essentielle. Au bout de 2h00 nous arrivons pratiquement en haut du plateau, nous parlons de plein de choses en marchant sur ce chemin creusé bordé par des arbustes et là à quelques dizaines de mètres on entend quelqu’un qui nous interpelle. En fait c’est une connaissance de Steve que l’on ne voit pas il est derrière la végétation, ici je trouve cela extraordinaire, car les gens ont les sens beaucoup plus développés que les nôtres, ils sont capables de reconnaitre une silhouette ou une voix à des centaines de mètres dans la nature. En fait ils échangent quelques mots et nous restons sur le sentier, au bout de quelques instants nous arrivons enfin sur le plateau qui domine le lac Victoria et l’ile voisine, en questionnant Steve je me rend vite compte qu’il fait rarement cet balade, alors que le lieu est grandiose il domine une partie de l’ile. Tous les deux l’on s’y sent bien, on prend pas mal de photos les bras écartés comme si ce monde nous appartenais, comme si nous étions les seuls êtres humains vivant sur cette montagne qui domine le lac et ces minuscules maisons en contrebas. On est bien, j’ai conscience qu’une grande partie du retour se fera dans le noir, mais peux importe, la lumière la plus puissante est celle qui est à l’intérieur de nous.



























            Nous commençons donc notre descente, nous parlons de pas mal de choses, nous rigolons ensembles et parfois je lui met la main sur l’épaule. La nuit est tombée, sur le lac, les pêcheurs utilisent des lampes, vu de la montagne c’est juste extraordinaire, en contrebas ces milliers de lumières que nous apercevons sont comme des milliers d’étoiles inversées, j’en ai la chair de poule tellement c’est beau, et j’imagine tous ces pêcheurs travaillant sur ce lac dans le noir. Avec Steve nous rigolons de plus en plus, dans la descente je suis à sa droite, dans nos délires sans réfléchir je lui tape l’épaule, et là il prend ma main, et il me tient la main pas quelques secondes, mais quelques minutes, la serrant fort comme un trésor que l’on veut garder. Ca me fait bizarre mais je me sent bien, dans ces moments je n’essaie pas de comprendre ou d’analyser, j’ai vraiment du plaisir à être avec lui, à descendre main dans la main avec lui et c’est réciproque, je sais qu’au Kenya comme dans de nombreux pays cela se fait entre amis hommes, mais je ne connais pas les règles, je pense que personne ne les connait. Pendant une heure, nos bras se touchent, on rigole, dans la nuit on descend ce chemin, nos mains s’enlacent comme celles de deux adolescents qui découvrent l’amour et la tendresse. Dans la vie certains moments qui durent quelques secondes, quelques heures, ne devraient jamais s’arrêter, là on était juste bien, main dans dans la main à descendre la montagne dans ces sentiers étroits après cette balade formidable. Arrivés en bas Steve m’invite à voir sa maison, je me rends compte qu’il vit dans une maison beaucoup plus moderne que l’endroit où je réside, il me présente sa maman, son frère, là on reprend la moto pour retourner au centre du village. Je dois rentrer, il me ramène en moto à côté de l’endroit où je dors, je n’essaie pas d’en demander plus, j’aurai pu essayer d’être plus sensuel sur la moto, mais je déteste forcer l’autre à quelque chose qu’il ne désire peut-être pas ou ne comprend pas. Et sincèrement, cette balade était juste géniale, pour moi le respect est essentiel dans mes relations aux autres, là on a tous les deux vécu un moment unique, j’écris ceci quelques semaines après, et nous sommes toujours en contact à mon retour en France, pour lui comme pour moi c’était juste une simple rencontre magique.

2ème jour d'école


              Il y a une multitude d'écoles sur l'ile, beaucoup ont été financées par diverses églises (évangélistes, pentecôtistes, du 7ème jour etc...). Donc ce matin vers 8h30 avec Dan et Samuel qui nous héberge qui est professeur dans cette école nous prenons la route à pied (l'école est à environ 20mn). Au bout de 200m, Samuel commence à parler à des vendeurs de mangues, il décide d'en acheter, prend bien son temps pour choisir les plus belles. Avec Dan nous nous regardons (parce que dans beaucoup de pays, si tu embauches à 8h30, qu'il est 8h45 tu ne prend pas forcément le temps d'aller faire du shopping 😁(sachant que les gamins arrivent entre 6h30 et 7h30 à l'école nous pensions être...en retard). Bon une fois les mangues achetées nous reprenons le chemin mais au bout de 500m, nous croisons Charles, un des fils de Samuel qui venait d'acheter des poissons à un pêcheur. Et là Samuel commence à parler à son fils, lui dire qu'il va falloir partager les poissons entre les membres de la famille, il décide donc de faire demi-tour. Moi et Dan, un peu irrités par ce chemin vers l'école qui n'en fini pas, continuons notre route, même avec beaucoup de patience nous ne nous voyions pas arriver à l'école à 10h00. Aujourd'hui les enfants sont dans les classes, les profs sont assis dehors autour d'une table, avec Dan nous saluons les profs et nous choisissons de prendre la classe Grade 4 (gamins d'environ 10 ans). En fait nous avions le choix vu qu'il n'y a pas de profs dans les classes, une de leur technique est de demander aux enfants de copier 2 ou 3 pages, et donc le prof ressort dehors pendant 2h00 s'assois sur une chaise à l'ombre sous un arbre. Ce qui est impressionnant, quand l'on rentre la classe tous les enfants se lèvent, à chaque question ils répondent à l'unisson. Passer une demi journée avec ces gamins est génial, ils sont curieux, posent des questions, ont soif d’apprendre. Par contre je suis en short, ce que je ne savais pas avant de venir c’est qu’ici les hommes adultes ici ne sont pas très poilu, les gamins sont fascinés par mes jambes poilues, donc souvent je me retrouve avec des enfants qui me caressent les poils des mollets comme on caresse un chat, c’est assez étrange mais bon c’est juste de la curiosité. Avec Dan nous rentrons au bout de quelques heures de cours tranquillement vers la maison qui est à 30 minutes de marche.  














Acheter un bon vélo au Kenya, mission possible ?

                Depuis plusieurs jours j'avais prévu d'acheter un vélo pour les enfants de la famille, et si possible des ballons de foot pour l'école. La grande ville la plus proche est Homabay, mais après la moto, le bateau je dois prendre un taxi brousse, donc pour les 60km il faut compter au moins 3h00. Ce matin là il avait plu, la route de terre qui fait le tour de l'ile habituellement sèche se transforme en patinoire. J'arrête une moto avec un seul passager (le bateau bus et pirogues sont à 20mn de moto) , je monte derrière lui. Et là le pilote commence a accélérer franchement, donc sur de la boue ça commence à avancer, en zigzag. Au bout de 10m la moto chassait de plus en plus, au lieu de ralentir mon pilote local accélère de plus belle, le résultat fut direct, au bout de quelques mètres la moto qui doit faire plus de 100kg s'est carrément couchée sur le conducteur et le passager qui était devant moi, et moi je suis seulement tombé sur la route. Heureusement nous n'avions pas eut le temps de prendre beaucoup de vitesse, mais bon j'ai dit au conducteur que je ne remonte pas avec lui. Heureusement on a eut que quelques égratignures car nous étions à très faible allure, je n’ose pas imaginer si nous avions roulé à 50km/h, car le casque est juste inexistant ici...



Une fois arrivé à Homabay au bout de 3h00, en marchant dans la ville, je fini par trouver un magasin avec des vélos (sûrement le seul supermarché de la ville). J'en choisi 1 à 13000shl et je suis obligé de déplacer moi-même 4 ou 5 vélos pour enfants qui bloquent tout passage pour aller vers les vélos adultes dans le magasin. Le prix est de 100€, très vite je vois qu'en fait c'est très cher par rapport à la qualité (trou dans une soudure du cadre, pneu à plat, freins non réglés (je n'avais pas encore vu les 2 roues voilées 😕)...Donc ensuite, avec un des employés nous avons parcouru la ville pendant 1h30 pour trouver une pompe car les pneus étaient dégonflés...des personnes avec des clefs pour régler les freins, la selle, visser les pédales etc...En fait ce vélo est un assemblage des pires matériaux et pièces que l'on peut trouver je pense, par contre de loin, il a une belle peinture verte, il est beau, les gens le regardent sur mon trajet dans la rue, sur le bateau, on m'interpelle jalousement pour savoir combien j'ai acheté cette... ferraille. Au retour, une fois le bateau arrivé à Sena (là où arrive pirogues et bateau bus sur l'ile) je décide de remonter dessus, je pédale avec difficulté sur 500m et la chaine casse, j'ai su que je ne ferai pas le tour de l'ile avec ce truc. Un peu plus loin, dans une descente, étant remonté dessus je me casse la figure, ça m'a rappelé le matin et ma chute de moto, je me suis dit que la journéétait bouclée. Maintenant je sais que les produits de mauvaise qualité ou premier prix en France, sont ici de la bonne qualité. Au moment au j’écris ces lignes, depuis quelques jours, le vélo est réparé, Boy 14 ans en fait tous les jours, Baby environ 11 ans a apris à en faire donc je ne regrette pas vraiment 😊


Invité surprise dans mon lit 😲


1h00 du matin, je sens quelque chose me marcher sur la poitrine, pas forcément une sensation très agréable ni désagréable mais juste celle de me rendre compte que je ne suis pas seul. Parfois en France cela peut être un chat, bon là je sais que c'était beaucoup plus petit, peut-être une araignée. Par un geste réflexe encore endormi je repousse machinalement cette chose qui se promène sur mon corps. Par ce geste je comprends que c'est de la taille d'un gros insecte, que j'ai fait tomber parmi les draps ou sur le matelas, par contre j'ai tout de suite senti que cet être vivant était un insecte doté d'une carapace. Là j'ai tout de suite pensé à un cafard, inoffensif mais de taille assez conséquente de quelques cm. Parfois il m'arrive de me rendormir en me disant que l'intru était reparti, mais là j'étais curieux de savoir qui passait la nuit avec moi. Je prend donc ma lampe, je l'allume et je recherche parmi les draps cet invité, en soulevant les draps j'ai une une vision d'horreur mais aussi celle d'avoir eut de la chance. En fait il était plus petit que le cafard, mais bien plus hostile, en fait je dormais avec un scorpion. Heureusement, ce n'est pas un insecte très vif, par contre sa piqure est extrêmement douloureuse sur un membre entier pendant des heures et des heures, j'ai appris plus tard qu'elle n'était pas mortelle. Malheureusement, j'ai quand même fait le choix de le tuer, je ne me voyais pas sortir de ma chambre dans la végétation pour lui rendre sa liberté pour qu'il revienne me chatouiller. Légèrement inquiet, Il m'a fallut presque 2h00 pour me rendormir, sachant quand même que trouver 2 scorpions dans son lit la même nuit doit être de la même probabilité que gagner 2 fois au loto la même semaine 😂…


Prochain rendez-vous, à 300km de là, plus de scorpions mais zèbres, girafes, lions et autres éléphants, tribu où les traditions sont ancrées, comme marier les jeunes filles à 12 ans, je pars chez les Massaï...

                Difficile de quitter Mfangano, toute la famille, les enfants, Sylvain et sa famille qui parcourent le monde entier depuis des années dans leur maison posée sur un camion, qui actuellement les rejoint lentement sur un bateau. Dan qui a déjà visité plus de 100 pays dont le rêve est simplement de voir tous les pays de la planète (à 23 ans je pense qu'il a déjà réussi son pari). Les hippos, caméléons, les bains dans le lac, je pense que même les nuages de moucherons vont me manquer !

                Enfin me voilà sur cette route, pour une fois il y a une personne par siège, par contre le mot suspension ne doit pas exister ici, le matatu semble se disloquer et nos têtes tapent dans le plafond et vitres à chaque dos d'ânes artisanaux à l'entrée et à la sortie chaque village. Nous traversons des champs de thé à perte de vue posés sur les flans des montagnes, car en fait nous sommes entre 1000 et 2000m d'altitude (le lac Victoria est à 1000m d'altitude) mais comme l'océan est à des centaines de km rien ne nous donne l'impression d'être en altitude. Après 1 ou 2h00 dans ces vallées où l'on devine à l’horizon par ces points colorés des dizaines de cueilleurs de thés , s'en suit plus tard un paysage beaucoup plus aride, où seuls des arbres épineux poussent parmi de nombreux cactus. Je sais que j'approche, les vêtements sont de toutes les couleurs, le long de la route nous croisons une quinzaine de zèbres qui broutent paisiblement, leurs rayures noir et blanc tranchent avec tout le reste.

                J'arrive enfin à Narok, la grande ville au nord de la région de Massaï Mara. Je rencontre le fils de mon hôte David (Denis environ 30 ans) il me dit qu'il faut faire des courses pour manger, malheureusement il m'amène dans un supermarché, je n'avais pas vraiment prévu me retrouver dans ce genre d'endroit après 8h00 de route chaotique. Après 3 semaines sur l'ile, habitué à acheter les poissons directement au bateau, les légumes dans jardin, à voir le poulet qui courrait dans la cour le matin qui devenait le diner du soir, je me sent presque perdu dans un supermarché. Enfin bon, j'achète un peu de poulet (mort en morceaux :-) 2kg de riz, quelques oignons, mais aussi du café et du lait (1 mois sans café j'étais heureux comme un gamin à l'idée de boire un café au lait 😊).

                Nous prenons un taxi local, la maison est à une vingtaine de km de Narok la grande ville, la route principale est goudronnée et nous finissons les 5 derniers km sur un chemin de terre fait de bosses, crevasses et autres surprises. Là je me rend compte qu'il y a un grand village à la jonction des 2 routes, avec beaucoup de commerces traditionnels, je pense que pour David et Denis ça leur fait plaisir d'amener les blancs dans “LE” beau supermarché, mais bon au contraire moi je me contente et préfère les produits locaux. Arrivés au village nous tournons à gauche, après ce long et large chemin de terre interminable où les véhicules zigzaguent en évitant d'énormes trous, longeant des hectares de savane où vaches, chèvres et moutons se confondent parmi les cactus. Nous tournons enfin et arrivons devant cette école, comme posée au milieu d'étendues interminables, nous devinons les collines à des km après ces étendues d'arbustes épineux. Nous sortons de la voiture, une fois la voiture partie nous entendons des motos arriver en trombe, au loin je vois ces Massaï vêtus de leur tenue traditionnelle, juste un dras rouge autour du torse, avec des bâtons dans les mains. Ils s'approchent dangereusement et rapidement de nous avec leurs moteurs bruyants, ils arrivent à notre niveau, avec leur multiples colliers, leurs oreilles tombantes, peinture ocre sur la peau, cheveux rouges, à 2 ou 3 sur leur motos ils commencent à parler à Denis, qui m'a accompagné en voiture depuis Narok la grande ville. Je comprend vite qu'ils ne sont pas dangereux, et sans doute habituéà voir parfois des Musungos accompagner Denis, ils repartent en nous saluant, mais j'ai quand même eut quelques secondes de frayeur. Je savais que j'allais loger près d'une école, le fils de David m'accompagne jusqu'à la maison, l'école a été crée il y a 9 ans par David et la maison où je vais loger est à 50m de l'école, le village est à 45mn à pied.











Je ne m'attendais pas à un tel luxe, ici, cuisine équipée, chambre double, toilette, douche, frigo etc...Depuis presque un mois sans lit, sans eau courante ni robinet, toilettes extérieures, avec une multitude d'insectes plus ou moins gros qui partagent ma nuit je m'étais habitué. Le poisson grillé et la bonne cuisine au feu de bois vont me manquer, mais c'est comme ça, j'ai mon café pour me réconforter.


Je rencontre Bia, une jeune brésilienne qui est ici en tant que volontaire depuis 1 mois, nous allons partager cette immense maison de 4 grandes chambres.

Le lendemain le vendredi, je rencontre les professeurs et les enfants, il y a 160 enfants et 7 ou 8 professeurs. Ici je me rends compte que l'école est totalement différente de ce que j'avais vu sur Mfangano, mais là bas c'était une école publique. Ici les locaux sont récents, les bureaux des enfants en bon état, l'accueil est très chaleureux de la part de tout le monde. Le samedi je pars au marché avec Darius, 13 ans, un des enfants d'une des professeur, c'est un gamin extra, il m'explique plein de choses, et pour moi faire le marché Massaï seul je pense que les marchands auraient multipliés par 2 ou 3 le prix de mes achats. Maintenant je sais qu'1kg de boeuf coute 500shl (environ 3.80€), 500g d'haricots 200shl etc...cela me permet d'avoir une notion précise des prix locaux. En flânant dans le marché je croise 2 jeunes Massaï, je les regarde comme si ils venaient d'une autre planète, ils me regardent comme si je venais d'une autre planète, bon en fait je sais au fond que c'est moi l'étranger. Ils portent juste une mini pièces de tissus autour de la taille un peu comme une mini-jupe, sinon ils sont torse nu, leurs corps de la tête au pied est couvert de peinture ocre, il sont beaux, des bijoux multicolores décore le haut de leur torse. J'ai failli les suivre pour les prendre en photo, j'aurai été prêà payer pour ça, je ne sais pas si ils auraient accepté. En fait ici les jeunes Massai après la circoncision à 14 ans, passent plusieurs années à vivre de cette façon, parfois jusqu’à 25 ans avec différent rites qui les font devenir hommes, on les appelle des Wariors.


La circoncision ici c'est quoi ?

            En fait, nous gardons souvent une vision liéà notre vécu, notre culture, notre religion, nos lois, nous nous rassurons en pensant que nous avons la vérité, même appliquée à une société totalement différente. Ici en ayant eut des échanges avec beaucoup de Massaï de tous âges, je comprend des rites qui pour beaucoup d'étrangers peuvent ressembler à de la torture mais qui ici sont une fête. A 13 ou 14 ans ici, ce passage permet à l'enfant de passer directement à l'homme, c'est à dire pouvoir survivre ou chasser dans la savane. Techniquement, cela se fait au couteau, sans antidouleur, le jeune ne doit montrer absolument aucun signe de douleur sur son visage car cela est signe de faiblesse. Souvent la cérémonie est organisée pour plusieurs jeunes, ensuite pendant 1 mois ils s'isolent, parfois chez leurs parents, ou parfois dans des campements construits spécialement par les anciens au milieu de la savane. Au bout de ce mois sans eau (ils boivent du lait) à leur retour au village une très grande cérémonie a lieu, on tue vaches chèvre ou montons, la famille, les habitants du village organisent cette grande fête pour l'arrivée des "Wariors" au village, ils festoient dansent, chantent et mange comme pour nos mariages. Darius, 13 ans, m'a dit qu'il attendait avec impatience ce passage, Samuel 17 ans m'a dit qu'il était contant et fier de l'avoir fait, il m'a montré ces brûlures sur le bras faites pendant la cérémonie comme on montre un tatouage. En fait j’étais à plusieurs km de la maison, je recherchais les girafes qui se cachent dans la savane, et Sam ce jeune homme m’a accompagné plusieurs heures. A un moment, j’étais en en train de pisser, et là il s’approche de moi et me demande, je peux voir ? En fait ici un homme qui n’est pas circoncis ça n’existe simplement pas, je sais que sa question était là encore une simple question de curiosité. La circoncision officiellement interdite par le gouvernement kenyan pour satisfaire certains bien-pensants qui s'arrêtent au côté "technique" de la chose, officieusement acceptée par la grande majorité des kenyans, en particulier chez les Massaï, arrêter la tradition du passage de l'enfant à l'homme serait presque comme interdire le mariage en France.












                Déjà 3 semaines que je suis à Ewaso Ngiro, dans cette école chez les Massai, chaque jour qui passe est unique et différent et m'apporte tout autant de bonheur. La semaine le matin j'aide Marion, c'est la maitresse principale, les bâtiments son modernes, chaque élève sont assis 2 par 2 devant leur bureau. L'école a été crée il y a 9 ans par David (nom d'emprunt), oui en fait ici la plupart des gens ont un surnom (sur Mfangano il y avait Boy, Baby), ici il y a Pickypicky (car il a été un des premiers à avoir une moto et à transporter les gens) et David. David qui a choisi son "pseudo" vers 20 ans car il organisait des safaris et en avait mare que les touristes ne retiennent pas son prénom, c'est sûr que le prénom qu'il a choisi est passe partout, il l'utilise maintenant pour ses formalités officielles. A l'école les gamins de ma classe sont adorables, souvent je fais les cours de science, anglais ou math, quand je ne leur apprend pas une chanson française 😊. L'autre jour, vendredi donc fin des cours avant le we, une fois les enfants partis j'ai trouvé la classe dans un sale état. Pour les maths les gamins utilisent des petits morceaux de bois pour compter, on les retrouve par centaines sur le sol, sans parler de la terre qu'ils ramènent après chaque récré sous leurs souliers usés souvent sans lacets. Je décide donc de faire un grand nettoyage, y compris le tableau qui n'a peut être jamais eut le plaisir de rencontrer une éponge humide. Bien sûr les autres profs viennent me voir dans la classe une fois mon grand ménage presque terminé, j'ai l'impression d'avoir fait quelque chose d'extraordinaire au vu de leur réaction ! Le lundi je décide donc de passer à l'action, je prend la liste de tous les enfants de la classe, et fait un énorme tableau sur une grande feuille avec tous les jours d'école une équipe de 2 "managers" de nettoyage. Le premier jour le souçi c'est que Rebecca commence à balayer partout, alors que ça n'était pas son jour, ce qui a bien arrangé les 2 autres que j'ai rapidement invité à l'aider. Tous les jours je mange avec les maîtres et les enfants, le matin vers 11h00 il y a du porridge, une bouillie de millet chaude et sans sucre, les autres profs souvent sont très heureux de me tendre ma tasse tellement garnie qu'elle en bave de tous les côtés, mon meilleur moment c'est pourtant quand elle est vide que la bouillie a atteint mon estomac. Pour le midi à l'école, les repas se ressemblent, pas de viande ni de poisson car trop cher, donc du riz, maïs mélangé à des haricots, Ugali (pain de maïs bouilli) donc c'est souvent très bourratif mais sans saveur.


                Les après midi souvent je vais marcher dans la savane, c'est particulier car lorsque je marche souvent même au bout de 6 ou 7km j'entend au loin "Fred, Fred, Fred !!!". Au bout de 15 jours les gamins de l'école me connaissent, leurs frères et soeur aussi donc et leurs parents, l'autre jour j'ai été étonnéà plus de 7km un père de famille vient me voir, me présentant sa fille qui est dans ma classe. Donc sa fille de 8 ans, tous les matins à 6h00, fait 7km dans la savane pour rejoindre l'école, j'ai vu aussi que beaucoup de gamines de cet âge, à leur retour à la maison, doivent aller chercher l'eau parfois à plus de 2km. Les petites transportent des bidons de 10kg, à partir de 12ans elles transportent des bidons de 20kg, je vous cache pas que j'ai soulevé un bidon de 20kg et c'est lourd, leur technique est de poser le bidon sur le dos et le maintenir avec une sangle qui fait le tour du front. Voyant les enfants tous les jours à l'école dans leur uniforme en plus ou moins bon état, je trouve étrange de les voir courir autour de leur petites maisons en terre dans des vêtements sales et déchirés, j'ai du mal à les reconnaitre. Mais je me promène surtout pour la nature et les animaux, dans la savane je cherche toujours les girafes, c'est pourtant grand une girafe mais toujours aucune en vue (je vais finir par croire qu'elles creusent des terriers 😂), par contre j'ai vu des traces, impressionnant car après la première trace de sabot l'autre se trouve ...2 ou 3m plus loin. L’autre jour je marchais j’étais environ à 7km de la maison, et là un homme qui ramassait du sable me dit fait attention au lion, alors qu’ici habituellement je croise que des zèbres et gnous je suis un peu étonné je pense qu’il déconne. De retour à l’école, je demande à Julie la jeune secrétaire de l’école si il y a des lions, elle rigole et me dit que non, mais quelques heures plus tard elle demande à la Mama une vieille dame qui fait la cuisine pour les enfants, et là en fait Julie apprend en même temps que moi qu’un lion a tué une vache très récemment pas très loin d’ici. Souvent je croise des groupes d'antilopes, il y a 2 espèces différentes ici, en fait une antilope coure vite mais sur de courtes distances, c'est assez marrant souvent elles ne se déplacent que de quelques dizaines de mètres et ne se cachent à peine, elles me regardent pour savoir si je suis une menace ou pas. J'adore passer du temps à marcher, je me suis rendu compte que les grosses fourmis étaient très intelligentes et très agressives. Je me suis amusé à "casser" leur passage sur un endroit précis, au bout de quelques secondes certaines d'entre elles se dirigent vers moi pour m'attaquer. Alors comment ont-elles fait pour comprendre qu'au bout du bâton il y a mon bras, que mon corps est relié au sol par mes pieds...enfin j'ai pas attendu qu'elles m'escaladent pour essayer de percer leur intelligence (leur piqûre est très douloureuse), mais les fourmis ou termites ici font preuve d'une adaptation extraordinaire.


                A la maison d'autres volontaires sont arrivés, il y a Katrina la roumaine et ses histoires de boulot originale; elle est hôtesse de l'air pour les avions privés d'un Check Saoudien, il y a aussi les filles, Neha, Marium et Fatima qui viennent de la région d'Islamabad au Pakistan, elles m'ont invité mais le Pakistan ne fais pas encore partie de mes prochaines destinations...Le dernier samedi avant mon départ on a fait une grande fête, on a tué un moutonnormalement la tradition veut qu'on l'étouffe, qu'on l'égorge et que l'on boive son sang encore chaud. On a pas vraiment suivi les traditions, enfin ce sont les profs qui l'on égorgé, ils ont quand même récupéré le sang, ensuite fait fondre le gras du mouton et rajouté le sang dans le chaudron. C'est pas mauvais après dégustation, mais bon ça reste un peu gras...Donc le soir on a dansé sur de la musique kenyane autour d'un grand feu, avec les autres volontaires, les profs massai et quelques gamins, on était une vingtaine on a bien mangé, un peu bu, on s'est bien amusé. Le lendemain j'avais un peu mal à la gorge, on m'a proposé de la soupe de mouton, c'est juste le jus de la tête bouillie dans une grande casserole. J'ai pourtant presque été élevé au jus de mouton quand j’étais gamin mais là le goûétait...comment dire, j'avais juste l'impression de boire un mouton, il faut boire vite et très chaud mais malgré cela j'ai gardé le gout pendant des heures dans la bouche.


                Pourtant il va bien falloir que je quitte cet endroit, les autres volontaires, les maitres et maitresses, la savane, les enfants. L'autre jour j'ai eut une forte fièvre pendant la nuit, donc le lendemain je ne suis pas allé à l'école, alors le soir même je recevais un dessin de chacun des enfants de ma classe (ils sont 24), donc presque un livre de dessins avec un petit mot de la part de chacun, ça m'a touché ces enfants sont vraiment plein d'amour et de tendresse. J'ai alors décidé de les aider un peu en organisant une collecte pour acheter une ou plusieurs vaches pour l'école que je vais mettre en ligne. J’aimerai avoir 2 vaches en plus, même si la collecte s’arrêtera mi mars lorsque je serai de retour en France, je sais que je reviendrai car je souhaite redescendre l’Afrique en passant par le Moyen Orient ces deux prochaines années, et je suis en très bon contact avec toutes les personnes de l’école.


1000km a travers le Kenya


                Ce vendredi je décide donc de partir, sachant que je reviendrai lors de mon prochain passage au Kenya. Tous les autres volontaires sont partis, la grande maison est silencieuse, il a plu une partie de la nuit, l'air est frais et humide, il est 6h30 je sors de la maison, arrive dans la cour de l'école avec mon sac à dos. Je vais dire un dernier au revoir aux professeurs, et aux enfants déjà arrivés, le calme de cette immense savane va me manquer j’ai le coeur serré. A la porte de l'école une voiture, c'est un père qui accompagnait ses enfants, il me propose de m'emmener, ça tombe bien je me voyais pas prendre une moto sur la route devenu patinoire. Nous prenons la route pour le village à quelques km, nous nous arrêtons pour prendre 3 autres enfants qui vont dans une école sur la route du village. Comme la route principale est vraiment boueuse, notre chauffeur décide de prendre le chemin parallèle qui longe la route et est habituellement réservé aux motos. Nous avançons lentement sans doute à 30 ou 40km/h, et d'un seul coup la voiture part en tête-à-queue, nous nous retrouvons en travers du chemin, à quelques cm de la route principale 1,5m en contrebas. Je pense que le plus impressionnant n'a pas été le tête-à-queue, mais surtout le flegme du chauffeur et des passagers, les gamins n'ont même pas réagis, juste le passager à droite du chauffeur qui a esquissé un petit sourire et a dû lui dire que la route principale est sans doute moins glissante.


                Mon objectif aujourd'hui serait d'arriver à Monbasa, sur la côte Est à environ 700km avant la nuit. Pour cela j'ai la chance de trouver un Matatu rapidement à Narok pour relier Nairobi, enfin trouver un Matatu c'est facile, mais quand je me rends compte que je suis le premier client je suis moins rassuré (j'aide le rabatteur à trouver d'autres client, ça m'amuse et j'ai envie de partir vite). Au bout de 30 voir 40mn le véhicule est plein (enfin j'ai payé 100sh de plus pour un matatu avec 6 personnes maxi, sinon il n'y a pas de limite, ils remplissent tous les mètres cubes disponibles; peu importe que tu sois coincé entre une femme enceinte et 2 chèvres pendant 3h00). Nairobi est à environ 2h30, 3h30, nous roulons déjà depuis presque 2h00 et nous attaquons les montagnes. La route que nous empruntons est sinueuse, en mauvais état, et plus nous approchons de la capitale plus elle devient totalement surchargée, de camions principalement. Heureusement notre chauffeur qui a le coup de volant facile, dépasse même si un camion arrive en face, parfois par la gauche sur une large banquette de terre parsemée d'énormes trous. Je regarde parfois une émission qui s'appelle "les routes de l'impossible", dans ce matatu qui zigzague à toute allure, dépasse les autres véhicules parfois une dizaines d'un coup, ces maisons au fond de ce ravin qui deviennent vraiment minuscules, c'est bon j'y suis sur la route de l'impossible. La boue fraiche sur toutes les roues de ce camion renversé une dizaine de mètres en contrebas de la route témoigne juste que la route est glissante, à part ça personne n'y prête vraiment attention et garde son regard droit devant, ici c'est chacun pour soi et même les plus gros ne sont pas les plus forts. Enfin nous arrivons quand même à Nairobi vers 12h30, j'avais regardé les horaires de trains et j'en avait vu un qui partait pour Monbasa à 14h00. Enfin déjà faut-il trouver la gare....heureusement Eric, un étudiant qui rentre à Nairobi qui a compris où je voulais aller m'accompagne en marchant sur 1km, pour m'amener au départ des matatus qui vont à l'endroit où les matatus partent pour la gare (c'est pas très simple, c'est comme un grand réseau de transport en commun ou rien n'est écrit). Je suis donc dans le bon véhicule pour la gare (il part de l'ancienne gare dans le centre), et je me rends compte que la nouvelle gare est très loin, après l'aéroport à plus de 20km. Le matatu s'arrête le long d'une 2x3 voies, bien sûr il n'est pas du bon côté il faut donc choisir le bon moment pour traverser et ne pas se faire tuer par un de ces bus ou camions élancéà pleine vitesse. Après 15 minutes de marche en plein soleil j'aperçois ce bâtiment, immense, très récent et moderne, je m'approche de l'entrée principale et un des gardiens avec sa mitraillette me dit qu'il faut faire le tour par le côté. Je vois en effet des barnums, tout en longueur sur une cinquantaine de mètres, il faut donc passer dessous, à l'entrée nos passeports et notre température sont contrôlés. En dessous je vois une rangée de personnes alignées, ayant tous posés leur bagage 2m devant eux. Cette situation donne le sentiment d'être traités comme des prisonniers, on attend juste celui qui sera désigné coupable. Mais en fait si nous et nos bagages sont alignés de la sorte, c'est juste pour faire passer 2 chiens tout le long, pour trouver quoi ? je ne sais pas...drogue...explosifs...A l'autre bout du barnum 2 scanners pour les bagages, je me mets dans la file suivant les autres et l'on me dit qu'il y a 1 scanner pour les hommes, un pour les femmes, c'est la première fois que je mettais mon sac dans un scanner "pour hommes" 😊. Attaché le long de mon sac j'avais mon bâton de Massai, un bâton sculpté d'environ 40cm trouvé le long du chemin près d'Ewaso. Et là, le vigile le prend, va voir son collègue, revient et me fait comprendre que mon bâton Massaï peut-être utilisé comme une arme. Je suis vraiment déçu, je pensais le rapporter en France et sans doute l'offrir, mais bon c'est comme ça, après tous ces contrôles je rentre dans cet immense bâtiment. Un écran géant montre une multitude de chiffres dans un grand tableau, je n'y prête pas vraiment attention, et là au guichet la femme me dit qu'il y a plus de place dans le train de l'après-midi, il est environ 13h30 elle me propose des billets dans le train de nuit...à 22h00. De toute façon je n'ai pas vraiment le choix, le train est censé arriver à 3h35 à Monbasa. J'ai compris que sur le grand tableau électronique, étaient inscrit le nombre de siège restant dans les trains des 8 prochains jours, car en fait de cette immense gare ultra moderne ne part qu'un train, pour Monbasa 2 fois par jour.

                Je décide donc de retourner dans le centre de Nairobi, car je me vois mal attendre 7h00 ici. Après quelques heures à flâner dans le centre, je suis de retour, je repasse tous les contrôles de sécurité. En fait, ici les gens ne sont pas habitués au train, mais celui-ci, dans sa gare ultra-moderne à plus de 20km de la ville avec ses multiples contrôles font plus penser à un déplacement en avion ! Une chose de très...moderne sont les escalators à l'intérieur, et j'ai pensé à ma maman qui nous racontait la première fois qu'elle avait pris un escalator c'était chez Decré à Nantes...dans les années 70. Ici il y a des "hôtesses d'escalator" une en bas de chaque escalator, une en haut (on sait jamais si un voyageur se perd en chemin!). Pour le train je m'attendais à un train qui fisse couchette (c'est un train de nuit j'espère qu'on a le droit de dormir!), mais en fait, une fois rentré dans le train, je me rends compte qu'au lieu de couchettes le dossier est plutôt incliné dans l'autre sens. Je pense que déjà ici c'est un train ultra-moderne, la vitesse du train est même affichée en bout de voiture, durant le trajet notre vitesse oscillait entre 65 et 85km/h, et par contre contrairement à la France on ressent bien et on entend bien la voie ferrée un peu comme nos trains dans les années 80. J'ai essayé de fermer l'oeil, par contre l'éclairage puissant lui n'a pas dormi donc j'ai essayé de cumuler des micro siestes de quelques minutes, car arrivé à Monbasa mon objectif est de trouver un bus pour Lamu, à 450km au nord. Nous arrivons bien-sûr dans une gare ultra moderne très loin du centre, a 4h00 du matin dans cette chaleur moite comme tout le monde je me précipite dans un des quelques matatu moteur tournant sont prêts à percer la nuit vers les lumières de Monbasa. Je ne sais pas si je deviens chanceux, mais je décide de descendre à un endroit où je vois plein de bus à l'arrêt, et en quelques minutes je trouve le bus pour Lamu. Je demande au chauffeur à quelle heure le bus part, il me répond à 11h00, vu qu'il est 4h40 du matin je lui montre que je ne souhaite pas attendre si longtemps, en voyant mon visage il me dit là il est 10h40 (4h40 du matin en fait) C'est une chose à laquelle je ne me suis pas encore totalement habitué, vu qu'en fait certains kenyans utilisent l'heure occidentale et les autres l'heure kenyane, car en fait ici, 6h00 du matin est le début de la journée donc 12h00, 5h00 c'est 11h00, 8h00 c'est 2h00. Mon bus est dans un état moyen, quelques trous dans le plancher laissent apparaitre une des roues mais tous les sièges sont encore là, nous prenons donc la route pour le nord-est du pays. Nous roulons depuis déjà plusieurs heures, parfois la route fraichement refaite je reçois des gravillons plein les jambes par les trous, j'ai les mollets couverts de poussière, en traversant un village nous nous arrêtons enfin. Le souci c'est que parfois les bus s'arrêtent 5mn comme une heure, là seul le chauffeur descend du car, il revient environ 45mn plus tard, tout le monde est resté dans le bus sous un soleil puissant tandis que lui a été manger dans un petit restaurant local. Nous repartons, 20mn plus tard nous stoppons au beau milieu de nul part, c'est un arrêt pipi, ici les airs de repos c'est la nature, nous reprenons la route. 30mn plus tard encore un arrêt au niveau d'un checkpoint avec des militaires, nous descendons tous du bus. Ne comprenant pas pourquoi nous nous arrêtons encore une fois, je demande à un des passagers quesque que nous attendons ? Là il me répond "une escorte", en fait j'ai compris que nous arrivions dans une zone dangereuse et que nous allons voyager avec les militaires sur les prochains 80km. Des bus, mini bus arrivent, il y a au bout de 40mn environ 6 bus et 6 matatus à l'arrêt, à attendre que nos militaires se décident enfin à partir, car au moins 3 véhicules militaires sont arrivés au camp le long de la route depuis notre arrêt. Enfin au bout de presque une heure, les moteurs des véhicules du convoi se font entendre, on me fait changer de bus je ne sais pas pourquoi. Là une voiture militaire avec 6 hommes armés de kalashnikov part en trombe, j'ai de la chance mon bus est en seconde position...mais pas pour longtemps, la voiture des militaires est déjà presque hors de notre vue, et notre bus se fait dépasser par tous les autres véhicules, un peu comme une course folle pour rattraper les militaires. Et là nous nous retrouvons bons derniers, je me retourne pour voir si on a une escorte derrière, et bien non, les 30 derniers km nous les effectuons un peu seuls sur cette route hostile bordée d'arbustes et de baobabs immenses. Donc pas forcément rassuré car en fait les terroristes somaliens n'ont pas une réputation d'enfants de coeur, plutôt celles de pirates sanguinaires. Nous arrivons quand même à destination, là je réalise que je vais sur un ile, donc à la sortie du bus de nombreux rabatteurs nous invitent à prendre leur bateau, mais le chauffeur du bus m'indique la direction pour le bateau bus. Le trajet commence à être long, il doit être 16h00, je suis parti de Ewaso la veille vers 7h00 du matin, les micro-siestes dans le train et le bus ne valent pas une bonne nuit de sommeil. Au bout de 40 minutes de bateau à longer la mangrove sans aucune habitation en vue nous commençons à apercevoir de grandes villas bordant l'océan. Avant de venir j'avais regardé les prix des chambres, c'est relativement cher ça va de 15 à plusieurs centaines d'euros la nuit. J'avais noté le nom de l'hôtel et je le trouve très rapidement dans une ruelle proche du port.

                Je dépose rapidement mes affaires, et commence à déambuler dans les ruelles labyrinthe peuplé de voix, d'ânes et de motos. Tout à coup au détour d'une ruelle j'entends des cris de gamins, je vois arriver un groupe au loin, à sa tête il y a 3 ou 4 enfants qui escortent rapidement et tiennent par les bras un autre jeune. Il doit avoir environ 16 ans, il a les mains attachées par des ficelles, il a le regard d'un animal affolé, ce petit groupe est entouré d'une quinzaine d'autres enfants poussant des cris victorieux comme si ils emmenaient une proie pour l'exécuter. J'ai essayer de les suivre pour savoir où ils allaient, mais il m'avaient distancé, j'ai demandé à un passant où ils emmenaient leur prisonnier, il m'a répondu sans doute à la police. J'ai plus l'habitude de voir les enfants jouer, mais là c'est un peu l'opposé d'un jeu, je pense que je me souviendrai longtemps de cette scène, le regard de ce gamin totalement apeuré, ici la première justice est celle de la rue. Environ 2h00 plus tard, je marche le long du port, là je vois encore un autre "convoi", un groupe d'une quinzaine d'hommes qui se déplacent rapidement en poussant des cris de frayeur. Au milieu du groupe, allongé sur une civière improvisée en bois, le corps d'un homme, couvert de sang avec une blessure impressionnante au crâne. Au départ, au vu de leur façon de le transporter en le secouant dans tous les sens, à 14h00 il fait plus de 30 degréà l'ombre et ils le balade en plein soleil, ils s'arrêtent parfois en plein soleil, j'ai cru que c'était encore un "prisonnier" et là je commence à ne pas être vraiment rassuré. Mais je comprend assez rapidement que c'est juste un homme gravement blessé, ici pas d'ambulance on fait avec les moyens du bord, par contre je sens bien qu'ici personne a la notion des premiers secours et comment traiter un blessé. J'ai découvert ensuite le lendemain l'hôpital qui doit être à 2km d'où j'ai vu le groupe, je pense qu'ici si tu ne meurs pas d'un accident tu as le temps de te vider de ton sang pendant le transport, enfin c'est une ile il n'y a pas d'ambulance. Je fini par rentrer à mon hôtel après cette balade plutôt animée et pas vraiment agréable pour mes premières heures à Lamu. Les jours qui suivent seront plus tranquilles, je marche des heures les longues plages de sable blanc bordées de cocotiers désertés des touristes. Plus qu'une semaine à longer la côte est sur 500km et profiter des eaux claires de l'océan Indien…


                Lamu est une ile de l'océan Indien situéà quelques dizaines de km au sud de la Somalie. Elle fait environ 15km sur 10, c'est une ile de sable, elle est principalement constituée de forêts de mangroves et d'immenses plage de sable blanc. En ce moment elle est déserté des touristes, les deux principales raisons sont la fermeture des frontières et les pirates Somaliens (Shebab), pour le consulat français cette zone est en zone rouge pour les voyageurs. Il y a un an ils ont attaqué la base militaire qui est aussi l'aéroport de Lamu, trois soldats américains tués et sûrement d'autres, parfois ils tirent à vue sur les matatus ou bus. A part ça l'ile est plutôt tranquille, la population y vit principalement du tourisme, des petits commerces et de la pêche. J'aime arpenter ses petites ruelles, un moment je décide de m'arrêter chez le coiffeur, je sais aussi qu'ici c'est relativement bon marché, une coupe coûte entre 50 et 100shl (0,40 et 0,70€). Ici pour être coiffeur c'est pas très compliqué, 4 tôles, un miroir, une chaise et une tondeuse font l'affaire, c'est toujours amusant de voir le regard des locaux lorsque je vais dans ce genre de lieu. Je décide de reprendre la route (enfin, la mer puis la route) le lendemain pour m'arrêter à environ 200km d'ici à mi chemin entre Lamu et Mombasa. Je réserve sur Airbnb un lit dans un hôtel bon marchéà Watamu, au sud de Malindi qui m'a l'air d'être une trop grande ville pour moi. Je décide de partir tôt le matin, vers 7h00, là j'arrive sur le port ou des pirogues sont à l'affut pour transporter matériel ou personnes, la traversée n'est pas très longue, environ 40 minutes. Là un homme aux vêtements sales et déchirés m'invite d'une façon assez rude à prendre une pirogue, il me dit 300, connaissant les prix et sachant que mon objectif est de relier le continent je monte dans la pirogue qui a déjà quelques autres passagers et lui aussi. Là il me presse et insiste pour que je le paie, je lui fait comprendre de se calmer un peu, sur la pirogue il y a aussi le capitaine qui a déjà allumé son moteur. Je lui tend donc les 300shl et là il dit au capitaine que je ne lui ai donné que 200, alors que je suis certain d'avoir donné 300. Les esprits commencent à s'échauffer, en fait ce "rabatteur" n'a rien à voir avec la pirogue, là je le vois qui commence à faire des pas en arrière avec l'argent en main. Donc je lui dit soit de donner l'argent au capitaine ou de me le rendre et je sors de la pirogue, là il commence à un peu raconter sa vie (en Kishwahili), le capitaine est furieux, mais un témoin sur le port fait signe au propriétaire du bateau de partir, en lui faisant comprendre qu'ils règleront cela entre eux plus tard. C'est étrange tellement habitué de ce genre de situation je n'y prête plus guère attention, 5 minutes plus tard je regarde doucement cette mangrove s'éloigner du bateau, admirant la clarté de l'eau de l'Océan. Juste 2 bus et quelques petits matatu sont présent, l'escorte militaire arrive rapidement et nous prenons la route vers le sud. Rapidement nous quittons la route principale, donc l'escorte de la même façon pour prendre des routes secondaires et désservir de petits villages. Parfois nous croisons d'autres militaires, d'autres bases le long de la route, au bout d'au moins une heure nous arrivons au checkpoint militaire que je reconnais qui marque la fin de la zone sécurisée (enfin plus ou moins). Après quelques heures j'arrive à Malindi, la cabane que j'ai réservé est à 20 ou 30km au sud, je savais que j'aurai à prendre d'autres modes de transport.


                Par contre la vitesse à laquelle je change de moyen de locomotion me surprend moi même, au dos d'une moto les cheveux dans le vent j'étais en train de me dire qu'il y a une minute j'étais affalé sur mon siège dans un bus surchauffé. J'arrive très rapidement à Watamu, là j'en profite pour me restaurer et essayer de charger mon tel pour retrouver le nom de l'hôtel. Il est environ 16h00, je donne le nom de mon hôtel à une "motorbike", il me dit ah oui, je connais très bien, et là on part pour 40mn à chercher mon hôtel et bien sûr on ne le trouve pas. 1 tuc tuc et 3 motorbikes et 3h00 plus tard je suis toujours dans la rue, la nuit est tombé, je suis avec mon gros sac à dos fatigué de la route depuis 12h00. Rarement j'ai échoué pour trouver mon hôtel mais là, je ne vais pas avoir le choix, je vais devoir en prendre 1 au hasard. Je sonne à 1 hôtel et je demande le prix, 3000sh (23€ environ), c'est totalement hors budget mais mon objectif est de me détendre, prendre une douche, et trouver un hôtel qui me correspond pour demain. Je recherche le soir un hôtel moins cher sur Airbnb et je tombe sur Nature Camp, à 8€ la nuit, avec une cuisine ça me parait idéal. Le lendemain je reprends donc une moto, là au bout de 15minute je vois que nous éloignons de tout village, je commence à demander si mon chauffeur connait l'endroit mais comme toujours oui il connait. Là nous tournons de la route principale et nous enfonçons dans des petits chemins sablonneux dans la forêt, et une moto de route dans le sable ça n'a jamais été mon truc. Nous traversons quelques petits villages au maisons typiques faites de bois et de terre, là il s'arrête pour demander la route à quelques personnes (enfin je lui dit de s'arrêter pour demander la route). Heureusement nous arrivons, au beau milieu de nul part sont posés quelques constructions en bois, feuilles de palme, plus loin une cabane dans un arbre. L'endroit est tranquille, par contre j'aurai aimé un village proche pour acheter de la nourriture mais il n'y en a pas, Jackson le propriétaire des lieux m'accueille chaleureusement. Là je lui demande où est la cuisine ? Il me montre le lieu où ils cuisinent, une cabane de bois, 3 pierres et un feu...Il me montre les chambres, le principal souci est qu'il n'y a pas d'électricité, pour charger les téléphones il faut que je leur donne et ils l'emmènent en moto dans une maison avec l'électricité donc pas pratique du tout. Néanmoins je décide de rester, c'est vraiment calme, l'océan Indien forme une grande crique à 200m avec des flamands roses et autres échassiers. Philippe un des neveux de Jackson, environ 25 ans, me pose pas mal de questions sur ce que j'aimerai faire (il faut dire que j'en ai aucune idée ). Je me renseigne pour savoir si il y a des animaux dangereux car je souhaite profiter de mon après-midi pour marcher, et à priori pas de crocodiles ou autre bête méchante. Je pars donc pour commencer je marche environ 2km sur une plage de sable blanc, je croise juste 3 femmes qui sont étonnées de voir un blanc marcher ici. Ah oui, pour la marche au Kenya c'est particulier, car les Kenyans marchent beaucoup, pour aller chercher l'eau tous les jours, pour ramener les troupeaux, aller acheter du poisson...Mais en fait pour eux la marche est subie, il la ressente comme une contrainte, donc ils ont dû mal à comprendre que je puisse marcher juste pour le plaisir, je ne compte plus le nombre de fois où l'on m'a proposé de m'amener, même gratuitement, ou j'ai presque dû me justifier que je préférai marcher. Donc là après 2h00 je décide de prendre le chemin du retour, je souhaite prendre un trajet plus court, je suis obligé de passer à travers la mangrove et ensuite sur 200m, je me retrouve dans une vasière avec de la boue qui m'arrive jusqu'aux genoux, pas vraiment facile je vois quelques flamands roses à quelques dizaines de mètres qui doivent bien imaginer que cette grosse bête maladroite n'à rien à faire ici. Le soir à mon retour au camp Philipe me propose d'aller boire un verre au bar local, je suis un peu étonné de savoir qu'il y ai un bar perdu dans cet endroit. On prend la moto, zigzagant dangereusement dans ce petit chemin sableux, je me rends compte que le bar est à 500m du camp. Il est composé de 3 bâtiments en bois, je suis surpris de voir autant de clients, 2 serveuses à l'attitude très aguichante viennent nous voir. Elle nous servent l'alcool local, c'est de l'alcool de palme, il est bon marché et se fait très vite, il faut entre 24 et 48h00 pour obtenir de l'alcool. Donc en fait il commande des bouteilles entières, comme la grande majorité des clients, je goûte donc avec appréhension cet alcool, qui loin d'être un grand cru n'est pas forcément un tord boyaux non plus, on sent bien le gout de palme et sinon ça me rappelle notre "bourru" le jus de raisin en cours de fermentation. Pas trop de conversations ici, et les conversations se font en swahili donc je me contente d'observer les attitudes des uns et des autres. Sur une table à quelques mètres de nous il y a 4 jeunes, dont un affairé à couper un étrange de saucisson et les autres très attentifs à son labeur. Je demande à Philipe ce que coupe ce jeune homme, il me répond que c'est de l'herbe, je suis surpris par la forme et l'aspect, je demande à Philipe si je peux aller voir, il me répond oui pas de problème. Je vais voir la petite équipe qui continue leur petite cuisine, un des amis de Philipe me propose de fumer, je refuse poliment et de plus je doute sur la qualité de cette herbe qui doit être comme l'alcool, très local. Je reviens m’assoir aux côtés de Philippe, l’alcool aidant nous rigolons et délirons de plus en plus, là je lui donne une tape dans le dos, il me prend la main et au lieu de la relâcher, la garde en la serrant très fort et la met sur son entrejambe. Je ne sais pas du tout comment réagir, il tient ma main et la serre très fort, je garde le poing fermé, mais me prendre la main et me la mettre sur son...mais au bout d’une trentaine de secondes il me la relâche. Ces trente secondes ont été intenses, même avec l’alcool j’ai conscience que ce qui vient de se passer n’est pas quelque chose d’anodin. Nous reprenons la moto, et là j’utilise un peu le prétexte de l’alcool et ma peur de la moto dans le sable mais je me colle contre lui et l’enlace sur la moto, malheureusement le chemin est cours, juste quelques minutes. Nous nous saluons et allons nous coucher et je pense que lui comme moi savons, mais parfois les mots ne sont pas utiles. Ce qui vient d’arriver et l'alcool de palme qui continue sa fermentation dans mon estomac avec ses gaz n'allège pourtant pas l'arrivée du sommeil. Le lendemain matin, Philippe me propose de faire une balade en canoé, ici il sont creusés d'une seul pièce à l'intérieur d'un tronc nous prenons donc place à 3 dans le canoé avec un des amis de Philipe qu'on appelle le capitaine. Ici on se déplace avec une perche car les eaux sont peu profondes, les rames en plastiques embarquées ne serviront pas, par contre le capitaine trouve un endroit assez profond pour que l'on puisse se baigner. Le capitaine est un homme d’environ 25 ou 30 ans, il n’est pas forcément beau de visage mais il est très souriant, pour se baigner il s’est mis en slip. Son corps est magnifique, après la baignade il reste dans cette tenue, il est juste un mètre devant moi debout en train de diriger le canoé avec la perche. Son corps est élancé, les muscles de ses jambes fines et musclées se tendent à chaque coup de perche, ses abdominaux et son torse humide brillent avec la lumière du soleil, à ce moment précis j’oublie l’eau translucide et les plages de sable blanc...Dans cette crique peu de monde, juste un pêcheur que l'on aperçoit au loin, le corps immergé jusqu'à la taille, de nombreux oiseaux de toutes taille et quelques iles de sable blanc, un petit paradis. Le lendemain je décide d'aller à Wanatu, qui en fait est à une quinzaine de km en moto, je passe des heures à marcher sur ses immenses plages blanches, des crabes roses en me voyant courent se cacher dans leur trou, je me baigne de temps en temps dans cette eau tiède et translucide.


.                 Le lendemain je décide d'aller à Wanatu, qui en fait est à une quinzaine de km en moto, je passe des heures à marcher sur ses immenses plages blanches, en me voyant les crabes roses courent se cacher dans leur trou, je me baigne de temps en temps dans cette eau tiède et translucide. Sur les rochers de nombreux crabes aux reflets bleus qui se déplacent à toute allure me donne l’impression que je dérange des milliers d’êtres vivant juste à marcher dans l’eau. En fin d’après midi je demande à Philipe si il peut m’amener voir les éléphants qui viennent s’abreuver au soleil couchant à environ 45 minutes du camp en moto, il m’en avait parlé la veille. Il est d’accord, nous roulons une dizaine de minutes sur la route principale goudronnée, ensuite à une grande intersection nous prenons une route en terre sur une dizaine de km. La fin de parcours se fait dans des petits sentiers sablonneux, nous traversons de petits villages, les gamins sont fous lorsqu’ils voient un blanc sur une moto, ils crient et courent vers la moto avec un immense sourire. En fait depuis presque 2 mois que je me déplace beaucoup en moto, même si je ne suis pas rassuré, je préfère traverser des forêts sur de minuscules chemins, car à chaque maison que l’on croise ce sont des regards, des sourires, des bonjours, juste du bonheur. Nous arrivons en lisière d’un champ au bout de nombreux km à travers ces petits chemins, le soleil est en train de se coucher, il y a 3 ou 4 touristes, sinon une dizaine de gamins des villages proches. Nous nous asseyons dans l’herbe sur une bute de quelques mètres, attendant que les éléphants se décident de venir boire un coup avec nous, l’endroit est paisible, au bout du champ avec le point d’eau se dresse une immense forêt d’où surgissent des cris de singes et autres oiseaux exotiques. Philippe demande aux enfants si la veille ils ont vu les éléphants , ils lui répondent que oui au moins une vingtaine sont venus boire au plan d’eau. La nuit commence à tomber, les 3 ou 4 touristes présents s’en vont, les gamins aussi finissent par rentrer au village. Philippe est déçu, je lui répond que c’est la nature et que les éléphants sont libres, que je suis quand même très contant qu’il m’ai emmené jusqu’ici. Nous rentrons donc de nuit, même si je m’y suis habitué c’est assez étrange de faire de la moto de nuit au milieu de nulle part, on se sent vraiment très proche de la nature, c’est une sensation agréable car la température doit être de 25 degrés. Au retour, Philippe me propose de faire un autre bar, si le premier bar était assez pommé celui-ci est totalement perdu, nous roulons une bonne vingtaine de minutes dans de petits sentiers de sable, et enfin nous apercevons le bar. Je reconnais quelques clients vus deux jours plus tôt dans l’autre bar, et la boisson reste la même, l’alcool de palme. Nous restons environ 2h00, l’alcool a fait son effet, nous sommes environ à 20minutes de moto du camp, il fait nuit noire. Là encore, j’utilise encore le prétexte de l’alcool et de la peur de la moto dans le sable pour coller mon torse contre son dos mes bras l’enlaçant comme on serre un ours en peluche. La nuit est chaude, là mes mains commencent à chercher, je finis par les glisser sous son t-shirt et là je bouge mes doigts, caresse doucement ses abdos. Enlacé contre lui pendant presque 20 minutes mes mains explorent son corps, ses abdos musclés et ses pectoraux, étant secoués avec les bosses et vibrations de la moto, je pourrai cacher cette énorme érection mais au contraire, je me colle encore plus contre lui, mes doigts le caressant avec douceur son corps dur et doux, on est juste bien tous les deux, sur cette moto, dans le noir, on voudrait que ce trajet ne s’arrête jamais. A l’arrivée on se souhaite bonne nuit et l’un comme l’autre on fait comme si rien ne s’était passé, en fait j’ai compris qu’ici il fallait vraiment profiter de l’instant, pas forcément parler ou essayer d’aller plus loin. Je sais que je pars le lendemain, ça sera difficile, cette relation “très particulière” me donnerai presque envie de changer mes projets, mais parfois il faut juste garder un beau souvenir, ne pas essayer de le revivre, mais ce retour en moto je sais que l’un comme l’autre nous allons nous en souvenir.


                Le lendemain matin je décide de quitter Wanatu, direction Monbasa à 160km et ensuite direction Diani Beach à une trentaine de km au sud de Monbasa. Philippe me propose de m’emmener en moto sur la route principale à quelques centaines de mètres, là on est plus bourrés c’est le matin mais naturellement je me colle contre lui et mes mains passent sous son t-shirt, là il me dit que “les trajets en moto vont me manquer”, je lui répond en le serrant fort contre mon corps que oui, ça va me manquer…


                Arrivé quelques heures plus tard à Monbasa, qui est une grande ville de plus d’un million d’habitants, je me retrouve un peu perdu dans cette foule, surtout au passage du bras de mer qui entoure la vieille ville. J’arrive au port, d’immenses bacs font la traversée de ce bras de mer d’environ 500m de long, en fait les gens prennent la place des véhicules sur les bateaux, j’ai dû mal à savoir si il y a 500 ou 2000 personnes sur ces bateaux, mais la foule est tellement dense que ce n’est pas de la distanciation mais plus du regroupement social à attendre et prendre ces bacs. J’enchaine ensuite dans un matatu avec la musique à fond, j’ai oublié de prendre mes bouchons d’oreilles, car ici certains matatus font discothèque, et si vous avez le malheur de vous retrouver à quelques cm de l’enceinte votre cerveau fini par gonfler, vous sentez les vibrations des sons graves dans tout le corps. La musique est souvent très agréable, souvent des rythmes hip hop kenyans, mais ici il faut que le volume soit à fond, ils ne connaissent pas la modération !


                Arrivé à Diani Beach je découvre une petite ville côtière très agréable, j’ai comme d’habitude choisi l’endroit le moins cher pour dormir, environ 8$ mais ce qui reste quand même élevé. Je me rends compte qu’il y a beaucoup de blancs, certains semblent installés ici, ils conduisent leur moto ou leur 4x 4, il y a aussi une multitude d’hôtels ou de ressorts. Je passe trois jours ici, toujours d’immenses plages de sable blanc, je vois un gamin blanc prendre des cours de Kite Surf, le moniteur essaie de me vendre des cours. Malheureusement je ne reste pas assez longtemps donc je refuse, par contre j’en mourrai quand même d’envie, les vents sont vraiment réguliers l’idéal pour apprendre, et le faire sur une barrière de corail sur une mer translucide à 29 degré n’est sûrement pas désagréable. Un marchand de dromadaire me propose de monter ses animaux, je préfère sincèrement les prendre en photo et continuer à utiliser mes jambes. Bien que quelques heures plus tard je vois un canoé en plastique au pied d’un hotel qui donne sur la plage, je vais voir un des serveurs, il me dit qu’ils ne les louent pas mais qu’on peut s’arranger. Je lui demande pour combien, il me répond tu donnes ce que tu veux, je décide donc de lui donner 500shl et je peux prendre possession du canoé. Je profite pendant environ 2 heures du soleil, du calme de l’océan indien, du paysage extraordinaire seul dans cet endroit paradisiaque.

                Je sais qu’il ne me reste plus que quelques jours au Kenya, je n’avais pas téléchargé d’application de rencontre car j’avais peur vu que l’on risque 7 ans de prison. Mais après avoir vécu différents moments particulier, je me décide à télécharger une application de rencontre gay très connue. Et là, je me rend compte qu’il y a beaucoup, beaucoup de mecs connectés, en 2h00 j’ai déjà presqu’un vingtaine de mecs qui découvrent mon profil et viennent par curiosité à la découverte de ce nouveau profil. Je discute avec pas mal de monde, là un homme propose des massages, je lui demande le tarif, c’est 50$, je trouve cela relativement cher, nous sommes au Kenya c’est presque un demi salaire mensuel. D’un autre côté je me dis qu’à mon retour en France je vais passer des mois sans vraiment rencontrer des gens, pouvoir profiter un peu, j’accepte donc et me rend chez lui à environ 2km de mon hôtel. Il vit dans un petit studio, même si l’endroit est exigu il y a un petite endroit pour cuisiner et une petite salle de bain. Il a une trentaine d’années, barbu, pas forcément le style que j’aime mais l’objectif est de profiter du massage, c’est l’essentiel. Je me déshabille et m’allonge nu sur le ventre sur le lit, il se met en sous-vêtements et commence à étaler de l’huile chaude et parfumée sur mon dos, mes jambes, mes pieds. Je commence à doucement sentir des frissons au toucher de ses mains musclées qui remontent de la plante de mes mes pied, glissent sur les cuisses, mes fesses, mon dos pour finir par caresser et ma nuque et mes épaules. C’est un bon masseur qui prend le temps de découvrir l’autre, au bout d’une vingtaine de minutes il me demande de me retourner sur le dos, il commence à me masser le torse, les épaules, Ses mains descendent doucement de mon torse sur mon ventre, ses doigts adoucis par l’huile glissent entre mes mes testicules et mes cuisses, je bande dur. Au bout d’un moment, il me demande; je peux te masser ici ? En m’indiquant mon phallus qui se dresse comme une demande d’aller plus loin, plus haut, vouloir sentir ses doigts aller et venir sur mon sexe dressé. Là commence un moment magique, nos corps se rapprochent, il enlève rapidement son slip. Nos deux corps glissants l’un contre l’autre comme des milliers de caresses très vite il se retrouve à l’intérieur de moi, le moment est magique d’avoir le membre de cet homme au corps athlétique à l’intérieur de moi. Notre jouissance est profonde, l’un comme l’autre profitons de cet instant de plaisir, je pense que tous les deux avions besoin de ce moment. Je prend rapidement une douche, il m’amène sur la route principale, il est entre minuit et 1h00 du matin, peu de motos. J’aurai aimé recommencer mais là on se quitte, je monte sur ma moto, comme on est au beau milieu de la nuit, que le pilote de la moto est souriant et semble inoffensif et qu’il fait un peu frais je me colle directement contre lui, comme je le faisait avec Philippe. Et là chose surprenante, j’aurai pu croire que le pilote m’aurait fait comprendre de reculer un peu sur le siège, et bien non, au contraire il bouge régulièrement les fesses en arrière pour les coller encore plus contre mon bas ventre. Je comprend donc rapidement qu’il en redemande, je passe donc mes mains sous son t-shirt et commence à le caresser, je glisse quelques doigts entre son pantalon et son pubis et je sent quelque chose de dur. Malheureusement au bout d’une dizaine de minutes nous arrivons à mon hôtel où je ne peux recevoir d’invités, je ne lui avait pas dit précisément ou était mon hôtel donc je le fait s’arrêter quelques dizaines de mètres plus loin, dans un endroit sans habitations une sorte de champ traversé par les sentiers de motos mais désert en pleine nuit juste avec quelques lueurs de la ville. Je descend de la moto, je le paie pour la course, il part, moi je reste dans le noir à attendre et là il arrête sa moto une cinquantaine de mètres plus loin au milieu de nulle part, je comprend. Je vais le voir, sans un mot je remonte derrière lui, repasse mes mains autour de lui sous son t-shirt, il redémarre et on s’arrête environ 200m plus loin, dans le noir. Nos mains, nos bouches, nos sexes sont en effervescence, découvrir les même désirs au milieu de nulle part, sans se connaitre est très excitant. Faire l’amour avec un mec sur sa moto à 1h00 du matin est quelque chose de particulier, intense, j’aurai jamais imaginé ça avant de venir ici, ici pour moi ce ne sont plus des deux roues mais des motosexuelles :-). Je rentre me coucher, après avoir passé une soirée plutôt particulière mais aussi bonne pour l’esprit, faite de douceur, de découverte, de sexe et de tendresse.



















Un baobab c'est gros






                Le lendemain je prend contact avec un autre mec, une vingtaine d’année et décide donc de lui donner rdv. Nous nous découvrons et commençons à nous connaitre devant un café. Il est très sympa, souriant, beau, ensuite je lui dit que j’aimerai aller me baigner et nous passons quelques heures sur la plage. Nous nous connaissons à peine mais il y a tellement peu de monde sur la plage que nous nous permettons des caresses, même un bisous à un moment donné. Ensuite nous retournons en ville, nous allons boire un verre et là il commence à me parler de chaussures. Il a besoin de nouvelles chaussures pour un entretien qu’il a le lendemain. Je n’ai aucune envie d’acheter des chaussures, de plus je n’ai pas assez d’argent sur moi, nous finissons en fin d’après-midi dans un fast-food très cher, et là il me quitte rapidement car il me dit qu’il a des photocopies à faire. En fait en lui parlant quelques jours plus tard j’ai compris que dans les blanc il voyait surtout l’argent, comme beaucoup ici, cela peut-être trompeur, on peut s’attacher. Mais après 2 mois au Kenya je me suis rendu compte que l’homme blanc; le Munzungo, représente dans sa grande majorité, l’argent, donc l’espoir d’une vie meilleure. Je n’ai pas compté le nombre de fois ou des filles, des femmes m’ont proposé des relations sexuelles, ici c’est presque rentré dans les moeurs de proposer son corps en échange de cadeaux ou d’argent, c’est normal, ça ne choque personne.



                Le dernier dimanche me baladant vers mon hôtel qui doit être à environ 2km de la plage, au coeur d’un village, j’entends des gens chanter, ces chants sont très entrainants. En fait ce sont différentes églises, évangélistes, pentecôtistes etc...qui pour leurs célébrations ont des chorales qui chantent et dansent et animent tout le village. Ah si les messes en France avaient été comme cela j’irai plusieurs fois par semaine, en fait c’est un peu comme des discothèques de jour sans bar, mais c’est juste un plaisir à chaque fois que je mets les pieds dans une de ces églises faites de tôles on m’invite à rentrer !


                Malheureusement, je dois rentrer sur Nairobi le lendemain, pour prendre mon vol retour, je n’ai pas vraiment envie de reprendre un matatu qui mettra environ 9h00 à rejoindre Nairobi, de plus je devrai aller le prendre à Nairobi. Mon hôtel se situe à 10 minutes à pied du petit aéroport d’Ukunda, je décide donc de regarder les vols pour Nairobi, par chance j’arrive à trouver un vol à 26€ sur internet, ce qui me permettra d’en profiter un maximum jusqu’au bout.

                C’est le dernier soir, je me ballade pour une dernière fois dans ce petit village, les habitants me connaissent maintenant, je m’arrête acheter une banane, prendre un tchaï dans un petit bar fait de 3 tôles. Je sais que c’est la dernière fois que je marche dans cette rue si animée et je n’ai pas du tout envie de rentrer à mon hôtel car je sais que le lendemain sera synonyme de retour. Je commence à ressentir une énorme boule au ventre, je marche lentement dans la rue principale, les jeunes discutent et jouent au billard dehors, l’atmosphère est légère, la température idéale ou je n’ai ni froid, ni chaud, les enfants jouent, les gens sourient, rient, moi j’ai envie de pleurer, je prend petit à petit conscience que dans 3 jours je serai de retour en France. Je repense à toutes ces rencontres extraordinaires que j’ai faites depuis deux mois, tous ces moments, ces lieux magiques, j’ai tellement envie et besoin de revoir certaines personnes rencontrées, je me rassure en sachant pourquoi je rentre. Je garde en moi ces milliers de sourires, de regards, de personnes, comme si dorénavant ceci faisait partie de moi, de mon corps. Je serai heureux de revoir mes amis et mes parents à mon retour en France, mais ce que j’ai vécu pendant ces deux mois de vie extraordinaire me rendent plus riche, je me sent vraiment vivant et différent. Même si à chaque fois que je quitte les personnes avec qui j’ai vécu ces moments hors du commun je souffre, comme eux, je me rends aussi compte que j’en ai besoin, pour moi le voyage est une addiction comme si la vie serait un rêve éveillé. C’est une drogue sans effets secondaires, l’overdose n’est pas possible, juste la volonté de vouloir vivre à fond, en surmontant mes peurs, mes craintes, mes doutes ou mes préjugés, se nourrir de rencontres, en abuser parfois. En fait je rentre pour mieux repartir, plus longtemps, je ne vais pas vivre et rester en France en essayant d’avoir un maximum d’argent, je ne comprends pas l’intérêt de cumuler un maximum d’argent avant de mourir, je fais juste je choix de profiter de ma liberté, je cumule des souvenirs et moments de bonheur extraordinaires. Merci d'avoir voyagé avec moi, ce récit est loin de détailler tout ce que j'ai vécu, mais maintenant je sais qu'on ne choisit pas l’endroit où l’on nait, mais on choisit l’endroit ou l’on est.

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Frédéric